Budapest, le mercredi 26 novembre 2008
C’est avec émotion que je me tiens devant vous, non loin du monument qui commémore les événements de 1956, où tant d’espoirs et de vies ont été brutalement anéantis, pour dévoiler cette plaque en l’honneur des milliers de Hongroises et de Hongrois qui ont trouvé refuge au Canada.
La tragédie du peuple hongrois, le sort des réfugiés arrivés chez nous par milliers, ont profondément touché les Canadiennes et les Canadiens.
Et c’est à bras ouverts, par esprit de solidarité, par respect pour leurs souffrances, par admiration pour leur courage, qu’ils ont accueilli ces femmes et ces hommes dont la seule faute était de vouloir vivre libres.
Le gouvernement canadien de l’époque a pris des dispositions spéciales pour assurer le transport. Deux avions hebdomadaires en provenance de Vienne amenaient des réfugiés hongrois, sans compter des navires affrétés à cette fin.
Puis un vaste effort de mobilisation nationale a permis de faciliter l’accueil au pays de ces nouveaux arrivants.
Il y avait déjà au Canada de nombreuses familles d’origine hongroise, issues d’une première vague d’immigration au XIXe siècle.
Celles-ci leur ont ouvert leur cœur, les recevant avec la même magnanimité que s’ils étaient parents et amis.
« Une collecte fut lancée, écrit le professeur Dreisziger dans un ouvrage sur l’expérience des Canadiens hongrois. Les Canadiens magyars et les Canadiens de toutes origines y collaborèrent, plus qu’à toute autre campagne antérieure. »
Aux lendemains de l’écrasement de l’insurrection par l’armée soviétique, les Hongroises et les Hongrois qui sont arrivés au Canada ont pu refaire leur vie à l’abri de la répression et reconquérir leur liberté, en plongeant un peu de leurs racines en terre d’Amérique.
Grâce à leur travail acharné, ces femmes et ces hommes ont aidé à faire du Canada l’un des pays les plus prospères au monde.
Ils nous ont enrichis de leur volonté de contribuer au bien de l’ensemble, de leur ingéniosité, de leur esprit d’entreprise et de leur héritage culturel.
J’ai encore la nostalgie des supermarchés de Sam Steinberg, des chaussures Sarosi et des étales des commerçants d’origine hongroise qui avaient pignon sur rue à Montréal, où j’ai habité la majeure partie de ma vie.
C’est une histoire de lutte, d’enracinement et de persévérance que celle des réfugiés hongrois.
Une histoire qui résonne en moi de tous ses échos.
Car elle rejoint la mienne par-delà le temps et celle de tant d’autres de mes concitoyennes et concitoyens qui ont fui des régimes de terreur et d’oppression.
Pour eux comme pour moi, le Canada est le pays de tous les possibles, et cette plaque en est ici le plus vibrant témoignage.
Que cette plaque soit aussi, pour vous et pour vos concitoyennes et concitoyens de la Hongrie, une ode à liberté retrouvée, un chant d’amitié, comme un gage d’espoir et d’avenir.
Renseignements au sujet de la photo
Date : le 26 novembre 2008
Photographe : Sgt Serge Gouin, Rideau Hall
Numéro de la photo : GG2008-384-011